Georg Philipp Telemann – Les Esprits Animaux – Ambronay (distribution Harmonia Mundi)
Encensé en son temps, considéré par ses pairs comme le meilleur compositeur allemand de son époque, Georg Philipp Telemann s’est vu préférer Bach et Haendel par nos contemporains. C’est l’une des raisons pour lesquelles son œuvre pléthorique n’a été que peu travaillée ; une aubaine pour les musiciens qui, comme Les Esprits Animaux, y dénichent de véritables pépites…
Les Esprits Animaux est un jeune ensemble en résidence au Centre Culturel de Rencontre d’Ambronay depuis 2010. Il s’agit d’une formation baroque de la nouvelle génération, totalement en prise avec son époque. Composé de musiciens de nationalités différentes, ce septuor a vu le jour en septembre 2009 lors du Early Music Open Stage du Conservatoire Royal de La Haye. Son nom évoque « un concept très baroque qui désigne une substance ou un air qui voyagerait en nous et aurait la faculté de faire vibrer les passions ».
Les Esprits Animaux ont puisé dans l’imposant répertoire du spirituel compositeur allemand pour nous convier à un voyage entre littérature et musique : les soupirs amoureux de Don Quichotte, l’humour satirique des voyages de Gulliver ou encore les vives passions de Lucrèce ou de Didon. C’est la sélection de ces œuvres qui fait tout l’intérêt de ce disque, et qui illustre au plus haut point la convergence de vues entre l’esprit qui animait autrefois Telemann, et aujourd’hui ses fougueux interprètes.
Pour nous, mélomanes, doublés du statut d’amateurs de beaux sons, la dégustation de cette galette irisée est absolument délectable. Comme toujours avec les réalisations d’Ambronay, le fond et la forme sont intimement liés. On appréciera évidemment un programme, à la frontière entre baroque et classique, d’une vivacité remarquable, d’un caractère éminemment ludique. En parallèle à cette caution artistique de grand talent, on pourra jouir d’une expérience sonore d’une précision exceptionnelle, tant en termes d’environnement sonore que de précision. Sur un bon système, l’image se forge devant nos yeux, avec une acuité phénoménale. Les pupitres sont localisés avec une grande netteté. Et la profondeur de champ n’est plus une illusion, mais une absolue réalité. Ajoutez à cela une véracité tonale des plus réussies, et vous obtenez une des plus belles réalisations discographiques de cette fin d’année.