Les Aventuriers de la Messe Perdue

Non classé

Chaque nouvelle réalisation du Concert Spirituel est un événement. Mais cette fois-ci, l’objet de notre curiosité se pare d’une double performance historique : une messe à quarante voix, que tout le monde pensait perdue.

Messe à 40 voix – Alessandro Striggio – Le Concert Spirituel – Hervé Niquet – Glossa

Noble, riche et jeune, Alessandro Striggio compose à la cour des Medicis à Florence pendant de longues années. Son œuvre majeure est une messe écrite pour quarante voix, et même soixante dans l’Agnus Dei final. La Missa sopra Ecco si beato giorno est une pièce en contrepoint intégral où chaque voix suit sa propre partition. La prouesse technique est exceptionnelle. Cette remarquable réalisation est cependant perdue, tout comme, le temps passant, Alessandro Striggio sombre dans l’oubli de nos contemporains. Seuls quelques musiciens érudits en cultivent la mémoire.

C’est en 1978 à la recherche d’un motet à la Bibliothèque Nationale que Dominique Visse, l’un de nos excellents contre-ténors, en trouve la fiche, et entreprend d’en effectuer le colossal travail de transcription. Cette œuvre, il la compare à une magistrale masse sonore, d’où émergent de petits bouquets fleuris qui flottent à sa surface comme des décorations.

Depuis lors, Hervé Niquet, créateur du Concert Spirituel, rêvait de monter cette pièce d’anthologie, et la transportait toujours avec lui au gré de ses déménagements. C’est en 2011 que le projet vit enfin le jour, au prix d’une conjonction de talentueuses initiatives, et d’une logistique d’anthologie.

Mais l’aventure de La Messe à 40 Voix passionne tous ceux qui en entendent parleur, et bientôt, elle ne se résume plus seulement à l’enregistrement d’un disque, mais aussi d’un très bon DVD comprenant le concert filmé, mais également un captivant document de près d’une heure retraçant l’épopée des « 40 ». C’est Olivier Simonnet qui réalise la captation de la messe dans le cadre de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, un lieu qui sonne remarquablement bien et dans lequel Hervé Niquet avait déjà donné le Requiem de Pierre Bouteiller. Quant au documentaire, c’est Laurent Portes qui le réalise, homme de l’art sensibilisé à cette cause « divine » par son statut de musicien.

Nous avons bien entendu essayé le DVD et le SACD avec tout l’équipement idoine (lecteurs BluRay Pioneer et SACD Van Medevoort, tous les deux connectés à un convertisseur externe vM DA466). D’une manière générale, la qualité sonore est de très grande tenue sur les deux supports, avec une mention spéciale pour le SACD, qui apporte une définition et une spatialisation sensiblement supérieures. En revanche, suivre le DVD à l’image en même temps que soniquement, procure une complétude que seul ce type de spectacle génère. C’est une affaire de circonstance serions-nous tentés de dire : les deux supports sont complémentaires. En tous les cas, pour nous, c’est très clair ; nous les conserverons précieusement dans nos disques de référence en matière de musique religieuse.