Universal Music a présenté en avant-première en France le Blu-ray Pure Audio, fort d’un catalogue provisoire de 36 références en variété française, internationale, jazz et classique, disponibles à partir de 20 €.
A ce jour, le Blu-ray est un standard vidéo proposant une résolution de 24 bits et un taux d’échantillonnage de 96 khz minimum. On retrouve ces spécifications techniques sur la version Pure Audio du Blu-ray. L’album est ensuite encodé sous trois formats : PCM, DTS HD Master Audio et Dolby True HD. Grâce à cela, chaque disque est compatible avec tous les lecteurs Blu-ray du marché.
Pour implanter ce nouveau média « son », Universal mise sur le taux de pénétration des lecteurs Blu-ray au sein des foyers français. 32% selon les statistiques !
Sur le fond, Universal argumente sur l’appauvrissement de la qualité sonore de la musique « consommée » par les utilisateurs ; l’avènement du téléchargement a provoqué une baisse qualitative. Cela n’est pas étonnant puisque le standard le plus utilisé (le MP3) est de loin le plus mauvais.
Les albums Blu-ray Pure Audio, eux, seront accompagnés d’une offre de téléchargement gratuite en son HD, un bonus très intéressant.
Nous avons testé avec attention trois disques Blu-ray Pure Audio sur une installation haute-fidélité stéréophonique digne de ce nom (lecteur Blu-ray Pioneer, ensemble Naim DAC V1 & NAP100, enceintes Duevel Enterprise, câbles MPC Audio Equilibre).
Le résultat auditif a été à la hauteur de nos attentes : tout à fait excellent. Par rapport à l’équivalent « CD », le Blu-ray Pure Audio marque des points sur à peu près tous les compartiments du jeu. Dont acte.
Nous ne nous y attarderons pourtant pas, car malheureusement, serions-nous tentés de dire, le problème n’est pas là.
Si l’on s’en tient aux performances stricto sensu, le Blu-ray Pure Audio, est extrêmement proche du Super Audio CD (SACD), un standard lancé par Sony et Philips en 1999, unanimement reconnu comme une réussite technologique et sonore, mais néanmoins un retentissant échec commercial.
Pourquoi donc rééditer une expérience qui s’est soldée par un fiasco économique ?
Universal invoque à juste titre le taux d’équipement en lecteurs Blu-ray du marché français.
Oui, mais la majorité de ces lecteurs sont utilisés au sein d’installations exclusivement dédiées au home cinéma, et comprenant des amplis Audio Vidéo et des packs d’enceintes majoritairement de début de gamme, peu compatibles avec les exigences d’une véritable écoute haute-fidélité stéréophonique.
Indéniablement, au sein de ce public, il existe quelques authentiques mélomanes bien équipés qui tenteront l’aventure, mais ils risquent d’être une minorité.
Au-delà du cas « Blu-ray Pure Audio », est-il judicieux de lancer un nouveau support physique alors que la tendance est clairement à la dématérialisation ?
Il serait plus opportun que les majors s’attaquent une bonne fois pour toutes à la diffusion large de fichiers « son » en haute définition, ou pour le moins en « vraie » qualité CD.
Car, à l’âge de 33 ans, le CD, lui, a atteint une véritable maturité. Et les équipements audio qualitatifs ne manquent pas, permettant de prouver à quel point ce standard, au taux de pénétration incomparable, peut prodiguer d’étonnants résultats sonores, si l’on veut vraiment s’en donner la peine.
Mais cela reviendrait peut-être à se poser la douloureuse question de savoir, si au fond, à l’inverse des mélomanes, gros consommateurs de disques, le grand public se préoccupe véritablement de la qualité sonore ?