Vous aimez les disques noirs, mais votre ampli n’a pas d’entrée phono. Comment concilier budget serré et amour de la bonne vieille galette ? Grâce à Atoll pardi !
Atoll Electronique s’est taillé une solide réputation de produits musicaux conçus et construits en France sans fioritures. Certes l’offre du Normand s’est singulièrement étendue, surtout vers le haut, mais à travers cette gamme très fournie, il conserve un attachement particulier pour ce que nous appellerions, des produits à « l’incontournable rapport musicalité/prix ». Témoin, ce P200SE qui s’affiche comme un incontournable « plug-in » audiophile.
A dire vrai, ce P200SE va devenir un objet de convoitise pour les mélomanes épris de disques noirs, dont l’ampli est, comme c’est majoritairement le cas aujourd’hui, dépourvu d’entrée phono. Or, dans ce domaine, pour le primo-accédant en analogique, soit les prix sont délirants, soit la qualité n’est pas au rendez-vous.
Bien que compact, le P200SE est fort solidement construit. Le bloc en tôle d’acier repliée est recouvert d’une peinture vermiculée anthracite. La face avant en aluminium brossé naturel est épaisse et délicatement biseautée à sa périphérie. Une jolie led verte est placée au centre dans le « o » du logo Atoll.
En face arrière, deux paires de prises RCA dorées permettent de brancher la platine tourne-disque, et de « repartir » l’une des entrées ligne de l’ampli intégré ou du préampli. Une prise 24 volts et une touche de mise sous tension sont là pour le volet « secteur ».
Le P200SE se veut universel, et ses réglages très aisément accessibles lui permettent de s’accommoder à la plupart des cellules phonolectrices du marché. Grâce à des microsélecteurs placés sur la face arrière, l’utilisateur peut choisir entre les différentes sensibilités. L’impédance d’entrée peut être de 47 ou 100 KOhms et la capacité d’entrée de 0 à 100 picofarads. Le gain est de 40 dB en position aimant mobile (MM) et de 46 à 52 dB en position bobine mobile (MC). On aura donc tout loisir de trouver une adaptabilité optimale avec la cellule considérée, qu’il s’agisse d’une MM, d’une MC classique ou d’une MC à haut niveau de sortie.
À l’intérieur, un schéma double mono entièrement réalisé en composants discrets, intègre de coûteux condensateurs de liaison haut de gamme de technologie MKP. Le boîtier d’alimentation externe délivre au circuit une tension de 24 volts.
Analyse sonore
Premier point particulièrement appréciable, le P200SE est silencieux. Utilisé avec une cellule à aimant mobile Rega Elys 2 montée sur une platine Rega RP3, il ne nous a jamais occasionné d’un bruit de fond gênant, même lorsque le volume était particulièrement élevé. Par conséquent, nous avons pu profiter d’un rapport signal/bruit assez favorable, parfaitement compatible avec des écoutes parfois « musclées ». Ce seuil de bruit assez bas est propice au développement d’une bande passante suffisamment large pour mettre en évidence les classiques vertus communicatives de la lecture analogique : grave enveloppant et plein, médium fluide et aigu consistant. Le P200SE permet de reproduire les basses avec conviction et sans traînage. Il assure un « drive » convaincant, et un excellent rebond dynamique sur toute la bande qu’il restitue. Toujours souple, son écoute est empreinte de confort et de fluidité. Aucune aspérité ne vient dénaturer l’écoute. Même sur le plan rythmique, on sent qu’Atoll a souhaité conserver un contrôle absolu de la situation. L’écoute est nerveuse et tendue, mais aucun débordement n’est à prévoir.
Positionnement hiérarchique
Nous avons pu comparer le P200SE aux bien plus coûteux Highphonic HA-EQ 1 et Van Medevoort PHM3, et nous n’avons pas été « irrémédiablement frustrés ». Certes ces deux modèles, chacun deux à trois fois plus chers que l’Atoll, vont bien plus loin en termes de bande passante, de richesse harmonique, et de résolution des petits détails, mais le français conserve l’essentiel, une véritable musicalité et une cohérence tonale indiscutable. C’est donc un produit particulièrement recommandable, surtout eu égard à son prix, qui confirme que le P200SE jouit d’un remarquable rapport musicalité/prix. En outre, si on le compare avec des produits de sa gamme de prix, le P200SE reste en tête, grâce à sa bonne linéarité, et à ses timbres très homogènes. Supérieur aux Pro-Ject, Creek et autres Nad, il faut se tourner vers de plus coûteux Clearaudio ou Rega, par exemple, pour creuser l’écart de façon significative.
Les chiffres
Prix : 300 euros
Dimensions : 10 x 5 x 14 cm