par Antoine Gresland
Durée du test : deux semaines
Prix : 3 350 euros en 1 To – 3 950 en version S, avec deux disques de 3 To
Avec le succès rencontré par son premier serveur S10, confirmé un an plus tard par le modèle haut de gamme W20, le constructeur coréen Aurender s’est construit une solide réputation de spécialiste de la lecture dématérialisée. Ces serveurs audiophiles, à la manière d’une mécanique de lecture CD sans concession, ont été conçus pour extraire le flux numérique de nos fichiers musicaux dans les meilleures conditions avant de l’adresser à un convertisseur N/A externe grâce à une interface utilisateur réussie. Jusqu’ici réservée aux audiophiles prêts à investir plus de 5 000 euros dans une plateforme offrant plusieurs standards de sorties numériques, la gamme Aurender s’enrichit tout en se démocratisant à travers le nouveau X 100.
Reprenant la base logicielle de ses prédécesseurs, cette adorable petite boîte enveloppée d’aluminium fait le sacrifice des sorties numériques conventionnelles de ses grands frères pour se concentrer sur une seule sortie USB 2 haute performance, développée à partir des mêmes technologies propriétaires que celles qui équipent le modèle haut de gamme W20. Une option qui pourra paraître minimaliste, même si la plupart des DAC du marché sont désormais équipés de cette connectique en standard, que l’on pourra compléter le cas échéant d’une interface USB vers S/PDIF ou AES/EBU telle que le Bel Canto Ref Link qui nous a accompagnés tout au long de ce test.
Comme ses aînés S10 et W20, le X100 est compatible avec les fichiers WAV, FLAC, ALAC, AIFF, M4A, APE et DSD (DSF et DFF) dans leur format natif. Pour les stocker, il embarque un disque dur de 1 To en standard ou 2 disques de 3 To chacun en version S, associé à un disque SSD (solid-state drive : mémoire flash sans pièce mobile) de 120 Go. Cette configuration sophistiquée permet d’éviter tous les problèmes liés à la lecture d’un média, à commencer par les vibrations et les bruits générés par une mécanique tournante que ce soit celle d’un CD ou d’un disque dur, puisque la liste de lecture que l’on a choisi d’écouter est copiée sur le disque SSD afin de pouvoir mettre le premier à l’arrêt. Elle permet surtout de supprimer toute forme de latence et de jitter indésirables à la source, au grand bénéfice du convertisseur N/A qui l’accompagne !
Pour compléter cette solution de stockage interne, le X100 est équipé de deux ports USB qui faciliteront le transfert de fichiers depuis un disque dur externe et surtout d’un port Ethernet LAN Gigabit qui permet de rejoindre le réseau à des fins de transfert et de mise à jour, mais aussi d’aller piocher des fichiers sur un disque dur NAS branché localement.
Prise en main
Premier prix de la gamme de serveur Aurender, le X100 n’en est pas moins un appareil raffiné jusqu’au bout de son interface. Plus étroit et compact que ses aînés, il s’en remet tout de même à un écran AMOLED ultralisible accompagné de quatre boutons pour piloter ses fonctions de base. Comme la plupart des ses congénères, le X100 est avant tout prévu pour être utilisé avec une tablette, et plus particulièrement un iPad pour lequel a été conçue l’application Aurender Conductor App. Bien organisée, elle permet de naviguer facilement dans ses fichiers pour se constituer une liste de lecture grâce à différents onglets de recherche, mais aussi de modifier les options de l’appareil.

L’application Aurender Conductor App a constamment évolué depuis la sortie des premiers serveurs du constructeur. Sur le terrain, elle se révèle capable de gérer les plus impressionnantes bibliothèques musicales stockées sur son disque dur – et dans une moindre mesure sur un disque NAS externe – avec une rapidité et une fluidité appréciable. On préférera tout de même stocker les fichiers sur son disque dur interne plutôt qu’un NAS pour profiter d’une meilleure stabilité et surtout des différentes options de recherche offertes par les onglets de l’application.
L’installation du X100 ne pose aucun problème. La première fois que l’on ouvre l’application Conductor sur l’iPad, elle vous demande un code de synchronisation qui apparaît sur l’écran de l’appareil… et le tour est joué. Bien entendu, lorsque l’Aurender est relié au réseau, son disque dur apparaît partagé sur le bureau d’un Mac ou d’un PC. Il suffit donc d’y glisser des fichiers musicaux pour le remplir à sa guise.

L’écran AMOLED du X100 est un standard que tous les autres devraient adopter ! À la fois lisible et complet, on regrettera seulement qu’il n’affiche pas le beau vumètre en cours de lecture comme ses grands frères. On peut bien sûr choisir de l’éteindre, automatiquement, pendant la lecture du morceau.
À l’écoute
Pour prendre la mesure des performances du X100, nous l’avons utilisé dans plusieurs configurations différentes. Avec un convertisseur N/A muni d’une entrée USB d’abord, le Hegel HD25 (lire le test ici) que nous apprécions beaucoup, avec l’entrée USB d’un gros amplificateur audio-vidéo Pioneer SC-LX86, mais aussi avec le DAC de référence de notre enregistreur Nagra VI. Comme ce dernier ne connaît rien d’autre que l’AES/EBU, nous avons intercalé entre les deux l’interface asynchrone Bel Canto Ref Link qui se charge de récupérer le signal numérique de l’USB pour la répercuter en S/PDIF, en optique ou en AES/EBU vers le DAC.
Branché à l’aide d’un câble USB de qualité, l’Aurender X100 balaye facilement la sortie d’un iMac de dernière génération pour dévoiler des trésors de détails et d’énergie sur chacun des fichiers sur lequel nous les avons comparés. On sent bien que le Hegel se régale par la manière particulièrement tactile qu’il a de reproduire la musique. On est bien loin du squelette décharné qui caractérisait, il n’y pas encore si longtemps, la plupart des sorties USB, sans tomber dans la coloration outrancière. À la limite, à la manière d’un drive CD haut de gamme, cet Aurender marque la restitution d’un petit caractère qui lui est propre, comme la signature discrète d’un artisan… Le numérique froid et distant a bien vécu et l’on découvre chaque jour de nouvelles raisons d’apprécier l’USB. Je n’étais pourtant pas un fervent défenseur de ce standard, mais il rend désormais bien des services y compris sur un système haut de gamme, pour peu que l’on soigne le câble tout de même ! Sur le concert d’Eric Bibb Live à FIP qui nous sert bien souvent de référence, le X100 est donc tout à fait à son aise, isolant bien chaque instrument dans l’espace du studio 105 de Radio France, tout en offrant une bande passante étendue et contrôlée aux deux extrémités du spectre. Les deux guitares ont des timbres bien différenciés et la voix du bluesman prend place avec présence et autorité au centre de la scène. C’est clair, on est au niveau d’une très bonne liaison coaxiale ou AES/EBU, comme va nous le prouver le Bel Canto Ref link qui « reclocke » il est vrai le message avant de l’envoyer au Hegel ou au Nagra. Dans les deux cas de figure, on a de bonnes raisons de se montrer satisfait ! Kind of Blue de Miles passe comme une lettre à la poste, tout comme les réverbérations du premier disque d’Agnès Obel ou celles, devenues classiques, d’une bonne vielle BO de Vangelis pour le film Blade Runner. Dans ces conditions, le X100 se montre tout de même moins performant que le S10 par sa sortie AES/EBU, en particulier en matière de neutralité et de transparence. On chipote là, et surtout, on rajoute 2 000 euros à la facture !
En revanche, comme l’on pouvait s’y attendre, le X100 se montre plus musical sur les fichiers installés sur son disque dur que sur ceux lus sur un NAS. Sans être le jour et la nuit, on sent bien que l’Aurender fait mieux son travail « chez lui » à travers un peu plus de cohérence et de transparence générale sur l’ensemble du spectre.
En conclusion
Finalement, Aurender est parvenu à me faire aimer l’USB, ce qui n’était pas gagné. À la manière d’un drive CD haut de gamme, le X100 délivre la musique avec une énergie, une fluidité et une précision redoutables ! Facile à installer, il permet de stocker et d’exploiter facilement une large bibliothèque de fichiers dans d’excellentes conditions, à l’aide d’un simple câble USB et d’une connexion au réseau. Avec son interface utilisateur particulièrement réussie et sa finition valorisante, il constitue une source bien tentante pour celui qui cherche un appareil compact et performant, sans investir les sommes réclamées pour ses grands frères. Une bonne petite machine qui devrait faire un carton !
Fiche technique
- Application de contrôle : Aurender conductor pour iPad/iPad Mini
- Formats supportés : DSD (DIFF/DSF), AIFF, ALAC, FLAC, WAV, M4A, APE
- Écran : AMOLED
- Disque dur : 1 Tb en version S – 2 x 3 Tb en version L
- Disque dur SSD : 120 Gb
- Sortie numérique : port USB 2.0 propriétaire
- Mémoire principale : 4 Go
- Interface : 1 Gigabit LAN – 2 x USB 2.0
- Dimensions : 215 x 83 x 257 mm en version S – 215 x 83 x 355 mm en version L
- Poids : 5 kg en version S – 7,5 kg en version L