Le T 90 est la toute dernière (et remarquable) création du constructeur allemand Beyerdynamic. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Audiofédération est heureux de vous le présenter en exclusivité française !
Au sein de la vaste gamme Beyer, le nouveau T 90 complète la série Prestige, où il s’intercale entre le superbe T 1 et le T 70. Ce positionnement « premium » lui confère un statut de modèle de haut de gamme. D’ailleurs, dès la sortie de son étui protecteur en cuir et mousse alvéolaire, le T 90 fait forte impression. La qualité de fabrication est tout simplement l’une des meilleures que nous connaissons, si ce n’est la meilleure. Le design est tout aussi réussi, combinant très intelligemment l’aluminium et les matériaux doux au toucher.
Le T 90 est un casque hi-fi ouvert. La décompression s’effectue au moyen de deux grandes ouïes circulaires latérales recouvertes d’un fin maillage métallique plus sombre que la structure en aluminium naturel satiné. Les larges oreillettes de ce modèle circum-aural sont recouvertes d’un microvelours particulièrement agréable pour l’épiderme ! Des touches de microfibre renforcent les zones plus fragiles. Le serre-tête est également gainé de microvelours, et l’ajustement très progressif permet d’adapter impeccablement le T 90 à votre crâne.
Le câble unilatéral, agréablement fin, mesure 3 mètres et se termine par un connecteur au format minijack plaqué or sur lequel vient se visser un adaptateur 6,35 mm. Comme tous les casques haut de gamme Beyerdynamic, le T 90 est fabriqué en Allemagne et répond aux exigences de qualité les plus élevées.
Les transducteurs consistent en deux membranes métalliques alimentées par des moteurs annulaires au néodyme. Les plus informés d’entre vous l’auront repéré, depuis quelques générations, Beyerdynamic utilise sa technologie propriétaire dite Tesla. La conception des transducteurs a ainsi été intégralement revue et ces derniers se distinguent par un aimant extrêmement puissant qui procure une efficacité optimale et un très faible taux de distorsion.
Selon Beyerdynamic, cette nouvelle technologie ouvre un champ d’applications extrêmement diversifié. La mise en œuvre de diverses impédances permet d’utiliser les appareils dans une gamme d’applications bien plus large. En ce qui concerne notre T 90, il affiche une valeur standard de 250 ohms, compatible avec un bon préamplificateur comme les Heed Canamp et Canalot que nous avons adoptés pour cet essai.
Analyse sonore
Lentement mais sûrement, Beyer a su faire évoluer la sonorité de sa gamme d’écouteurs vers plus de transparence et de piqué. Et cette inflexion suit étroitement la croissance de son département R&D. La technologie Tesla n’y est donc pas étrangère, loin s’en faut. Ainsi, le T 90 étonne en premier lieu par une bande passante non seulement très étendue, mais particulièrement décortiquée. Les premières minutes semblent illustrer que cette clarté prédomine dans les secteurs médium et aigu. Mais après une écoute plus longue et plus attentive, l’on s’aperçoit que les basses fréquences sont tout aussi disséquées que le reste du spectre. C’est notamment très perceptible sur le jeu d’une contrebasse, sur une partition d’orgue, et bien évidemment sur des disques de musique électronique comme l’incontournable opus de LFO.
A ce stade, nous vous offrons un premier conseil : ne jugez pas le T 90 avant de l’avoir consciencieusement rôdé une bonne cinquantaine d’heures à un niveau conséquent. Attention cependant à ne pas le faire fumer. En effet, comme tous les produits d’un bon niveau, ce Beyer ne donne la plénitude de son talent qu’après un sévère rodage. Nous avons eu la même mésaventure avec l’excellent Audio technica ATH-M50. Neuf et rôdé, ce ne sont clairement pas les mêmes produits. Après une bonne « cuisson », le T 90 acquiert une souplesse et une plasticité qui lui font défaut à la première écoute.
Second conseil, optez pour un préampli casque digne de ce nom. Minimum : le Heed Canamp. Mais si votre budget vous le permet, le Canalot le mènera encore plus loin. Nous avons d’ailleurs réalisé ce test en compagnie des deux petits hongrois, et nous n’avons eu qu’à nous en féliciter.
Une fois impeccablement marié, le T 90 propose une écoute extrêmement aérée et lumineuse. Les timbres sont débarrassés de tout type de coloration. Le grave explore des fréquences insoupçonnées (surtout avec le Canalot), et les reproduit avec une tension bien palpable. Idem sur les voix qui touchent par leur phrasé impeccable. L’aigu est d’une précision diabolique, fin, fourmillant d’informations.
Le T 90 n’est pas un casque consensuel. Il n’apportera aucune chaleur à la restitution. En revanche il prodiguera un instantané hyperexhaustif du contenu de votre disque, dans un environnement spatial découpé au millimètre. À ce titre, il affiche une évidente ressemblance avec certains modèles électrostatiques.
Positionnement hiérarchique
Il y a du beau monde dans le créneau du T 90, à commencer par l’Audio Technica ATH-AD1000, plus léger, et extrêmement agréable. Si le T 90 a plus d’assise et de matière, le japonais est aussi plus séduisant. Question de goût. Si on le compare au Grado SR-325is et surtout au PS 500, le T 90 semble plus rigoureux, mais moins fluide. Là encore, c’est une affaire de goût. Par contre côté ergonomie, il n’y a pas photo, le Beyer est bien plus agréable à porter, et cela sur de longues périodes. Bref, prenez votre bâton de pèlerin audiophile, et exigez une démonstration avec un modèle dûment rôdé (une précaution à prendre avec tout produit). Et prévoyez un petit budget pour le préampli. Moyennant quoi vous serez en présence d’écouteurs d’une fidélité sonore absolument stupéfiante pour le prix.
Les chiffres
Prix : 560 €
Poids : 350 g
Réponse en fréquence : 5 Hz à 40 000 Hz
Impédance : 250 Ω
Niveau nominal de pression sonore (SPL) : 102 dB (1 mW / 500 Hz)
Taux nominal de distorsion harmonique (THD) : < 0,05 % (1 mW / 500 Hz)
Puissance admissible : 200 mW
Niveau SPL maximal : 125 dB (200 mW / 500 Hz)
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