Test : convertisseur N/A USB Hegel HD12

hegel

par Antoine Gresland

Prix : 1 200 euros
Durée du test : un mois

Après le succès des convertisseurs N/A Hegel HD10 et HD11, qui ont contribué à démocratiser l’USB « audiophile » ces trois dernières années, voici venu le temps du HD12… Une référence développée pour tenir tête à une concurrence pléthorique qui ne ménage pas ses efforts pour s’approprier une partie de ce marché en pleine expansion. Au programme des nouveautés de cette nouvelle édition du modèle d’entrée de gamme du constructeur norvégien : une sortie casque au format 6,35 mm, un volume variable, un convertisseur AKM qui accepte nativement le DSD jusqu’au 5,8 MHz et une entrée USB-B désormais compatible avec le PCM 24 bits – 192 kHz, là où son ancêtre se limitait à 96 kHz. De quoi le maintenir en bonne place dans sa catégorie ?

Une conception revue pour toujours plus de performances

Soyons clairs : le HD12 n’est pas une mise à jour de son excellent prédécesseur, mais bien une machine entièrement nouvelle. En dehors de son alimentation linéaire, basée sur un petit transformateur torique spécialement préparé pour l’occasion, tout a été redessiné de fond en comble ; à commencer par le circuit principal dont l’implantation des composants a été entièrement repensée afin d’annoncer un rapport signal/bruit record de − 145 dB ! Une performance inimaginable, même avec des DAC beaucoup plus chers il y a seulement quelques années qui démontre le savoir-faire de ce bureau d’études décidément très inspiré, même si cette mesure ne peut pas dire grand-chose dans les faits, sans préciser exactement dans quelles conditions elle a été obtenue.

Hegel-HD12-inside-gen

Reste que le HD12 se présente à l’avant-garde de la génération suivante de sources numériques du Hegel à travers des améliorations techniques qui touchent tous les secteurs de la machine. Conscient de l’intérêt croissant des mélomanes audiophiles pour l’USB, il adopte donc d’abord une nouvelle interface qui peut grimper à 24 bits – 192 kHz avec cette liaison, mais aussi de jouer des fichiers DSD nativement, sans conversion vers le PCM, tout en préservant sa polyvalence avec une entrée coaxiale S/PDIF et deux entrées optiques TosLink conventionnelles. On en a également profité pour appliquer les résultats des recherches effectuées par le bureau d’études en matière de contrôle du jitter, notamment dans le domaine du « Skirting », une distorsion qui réduit la précision et le timing au cœur du signal sonore et qui s’entendrait particulièrement sur les éléments dynamiques de la musique. On a également largement amélioré la partie analogique du convertisseur N/A pour obtenir ce fameux rapport signal/bruit de − 145 dB. Sans nous donner plus de précision, on comprend que le nouveau filtre numérique 32 bits permet d’affiner la conversion pour délivrer un signal plus propre à la section analogique, elle-même raffinée au niveau des composants et de leur implantation pour obtenir un bruit de fond résiduel à la limite du mesurable, avec une réponse en fréquence de 0 Hz à 50 kHz.

Hegel-HD12-back

En matière de contrôle, le Hegel propose désormais comme son grand frère un niveau de sortie variable sur 100 pas, disponible aussi bien sur sa sortie asymétrique RCA que sur la paire de XLR symétrique. De quoi se composer un petit système particulièrement compact avec un bloc de puissance externe ou une paire d’enceintes actives. Pour changer d’entrée, on peut soit s’en remettre à la commande tactile intégrée au boîtier – il suffit de tapoter sur le dessus du coffret pour passer d’une source à l’autre – ou à la petite télécommande livrée d’origine.

À l’écoute

Sur le terrain, le Hegel HD12 fait le meilleur usage de ses circuits sophistiqués ! J’avoue être resté impressionné par ses performances, surtout si l’on considère son prix particulièrement séduisant. Encore faut-il préciser que l’appareil ne révèle ses qualités qu’après une bonne semaine de rodage intensif, mais ça, c’est normal ! On prendra soin de lui associer un câble numérique de bonne qualité, et ce, quel que soit le type de liaison utilisé, car le silence de fonctionnement du HD12 ne fait pas de cadeau dans ce domaine. Là aussi, c’est un signe de transparence, on ne s’en plaindra pas. D’autant qu’il suffit de quelques minutes, une fois ces précautions prises, pour tomber sous le charme d’une écoute d’une saisissante fluidité ! Sur l’album de Youn Sun Nha Voyage, je crois n’avoir jamais écouté la voix de la chanteuse coréenne avec autant de naturel et de transparence sur un appareil à moins de 1 500 euros ! Et c’est bien là l’essentiel, car la technique de pointe ne suffit pas toujours à faire un bon appareil sur le plan musical. Ici, pourtant, on apprécie immédiatement la sensation d’avoir de l’air partout, une bande passante très cohérente et neutre sur l’ensemble du spectre et surtout une microdynamique qui permet d’entrer en contact avec tous les styles musicaux avec le même bonheur.

Hegel-HD12-Aurender

La sensation de présence sur la voix et l’excellente focalisation des plans sonores raviront également l’amateur de musique vivante. Sur « Connected » du Live à FIP d’Eric Bibb, je retrouve tous mes repères avec une facilité déconcertante. Bien sûr, la voix du bluesman tout comme les guitares qui l’accompagnent n’ont pas la même densité spectrale qu’avec le HD25 que j’ai également sous la main, mais on est clairement dans la même famille sonore. De la même manière, si le HD12 ne descend pas aussi bas que notre référence (notre Nagra VI utilisé en convertisseur N/A), il propose une bande passante d’une rare homogénéité et une articulation très naturelle qui met en valeur la sensibilité de chaque interprète. On pourra se servir de la sortie variable sans craindre de voir la restitution perdre de son humanité, même s’il apparaît clairement que le HD12 mérite une section préamplificatrice de haute volée pour exprimer l’ensemble de son potentiel. À tout prendre, c’est la sortie asymétrique que j’ai préférée sur le plan sensible, comme souvent, à la sortie symétrique, mais cette dernière offre une restitution subjectivement plus dynamique sur les forte qui charmera les amateurs de musique roborative. Et pas seulement sur du R’n’B ! En branchant un Aurender X100 sur son entrée USB asynchrone, je prends un pied magistral à l’écoute de « Blues in the Dark », un big band de folie – extrait de la bande-son du film Kansas City de Robert Altman – que le DAC Hegel reproduit avec une gouaille qui correspond parfaitement à ce que j’attends. Ce morceau enregistré en live n’est pas facile à reproduire avec tous ces cuivres qui se répondent dans une atmosphère réverbérante plus vraie que nature. Certains convertisseurs d’entrée de gamme s’emmêlent d’ailleurs les résistances sur ce morceau en délivrant un son vivant, mais tellement fouillis que l’on a parfois du mal à comprendre ce qui se passe sur la scène sonore. Au contraire, le Hegel parvient à reconstituer un espace cohérent et focalisé, aussi bien en largeur qu’en profondeur, tout en offrant cette énergie qui fait partie intégrante de cette interprétation sauvage ! Ici encore, les deux extrémités du spectre sont bien maîtrisées, et si le HD12 n’offre pas la même profondeur de champ et la même densité spectrale dans le bas du spectre que notre lecteur réseau Linn Akurate, on est clairement dans la même famille. L’occasion de saluer l’excellente entrée USB qui fait un bond significatif par rapport à celle de son prédécesseur : la restitution est à la fois plus dynamique et plus détaillée, à tel point que la combinaison Aurender-Hegel nous apparaît tout particulièrement recommandable, même si le HD12 se débrouille aussi très bien avec ordinateur. Nous avons ainsi pu vérifier sa compatibilité avec des fichiers DSD, sans pour autant que ces derniers nous semblent fondamentalement supérieurs à ce que l’on entend sur un album correctement mastérisé en PCM 24 bits – 96 kHz : de quoi remettre encore une fois en question cette mode qui veut que le DSD écrase systématiquement le PCM, mais c’est une autre histoire qui ne passionnera que les plus technophiles d’entre nous !

Un mot enfin sur la sortie casque : ici encore on a fait des efforts méritoires et cela s’entend ! Très nuancée et tout aussi dynamique que lorsque l’appareil est branché à un système Hi-Fi, elle donnera bien des idées à ceux qui apprécient une écoute binaurale de qualité avec un casque de haut de gamme.

En conclusion

Avec le HD12, Hegel propose un appareil d’entrée de gamme particulièrement polyvalent et musical qui devrait faire un carton dans sa catégorie ! Certes, moins confortable et précis que son grand frère HD25, il offre un niveau de détail et des capacités dynamiques – notamment sur des petits signaux – qui n’étaient jusque-là disponibles que sur des appareils sensiblement plus onéreux tout en offrant un sens du timing qui fera plaisir aux mélomanes. Fluide et vivante, l’écoute bien structurée dans l’espace qu’il propose, en particulier sur son entrée USB, asynchrone mérite d’en faire un chouchou de cette fin d’année 2014 ! C’est dit.

Les notes du Hegel HD12 :

Précision : 8/10
Dynamique : 7,5/10
Timbres : 8/10
Image stéréo : 7,5/10
Bande passante : 7,5/10
Musicalité : 16/20

Lecture de fichiers (entrée USB) : 17/20

Total : 71,5

(Référence actuelle : 97)

Fiche technique

  • Entrées numériques : 1 × coaxiale S/DIF et 2 × optiques TosLink jusqu’au 24 bits – 192 kHz, USB-B 2.0 (asynchrone) jusqu’au 24 bits/192 kHz en PCM, compatible nativement avec le DSD64
  • Filtre numérique : 32 bits
  • Niveau de sortie : 2.5 VRMS (à 0 dB pleine échelle)
  • Sortie analogique : symétrique XLR et asymétrique RCA, sortie casque 6,35 mm
  • Réponse en fréquence : 0 Hz – 50 kHz
  • Réponse en phase : filtre analogique à phase linéaire
    seuil de bruit : -145 dB
  • Distorsion : typiquement moins de 0.0005 %
  • Alimentation : transformateur torique et 20 000µF de condensateurs
  • Dimensions (L × H × P) : 60 × 210 × 260 mm
  • Poids : 3,5 kg