Nouvelle benjamine de la gamme, Folia est le fruit des ludiques cogitations de Jean-Claude, fils de Jean-Marie, aujourd’hui capitaine d’un vaisseau dont la vitesse de croisière ne cesse de nous fasciner.
Folia est l’archétype du produit facile à vivre, une enceinte totalement anti « prise de tête », quasiment « plug and play » ! C’est dans cet esprit qu’elle a été conçue, et surtout pas dans une démarche élitiste. Cette enceinte a été pensée pour offrir au mélomane « primo-accédant », toute la joie de la musique enregistrée, sans les fastidieux soucis de mise au point.
D’ailleurs quand on la sort de son carton, on remarque d’emblée en face arrière, la présence d’un système de fixation permettant de l’accrocher au mur, et de rainurage pour passer le câble haut-parleur de façon discrète. Dans le même ordre d’idée, la charge adopte deux cavités asymétriques couplées et accordées débouchant sur un évent latéral positionné en miroir pour la paire. Ainsi l’utilisation contre un mur est optimisée.
Toujours pour simplifier la vie de ses propriétaires, Folia peut être associée à de petites électroniques. Attention, pas un radio-réveil tout de même, ni un dock iPod, mais un amplificateur compact et musical. Ainsi, les Folia fonctionnent très bien avec un Naim UnitiQute, autre produit craquant et facile à vivre. Pour autant, les Folia ne sont pas des gadgets, mais de véritables enceintes haute-fidélité développées avec soin selon des critères très précis.
Par conséquent, le coffret a été très soigné. Son volume de charge asymétrique permet de limiter les surfaces parallèles dans l’ébénisterie, mais également de n’utiliser qu’un minimum d’absorbant, garantie d’une reproduction vive et spontanée. Enfin, le placement du tweeter au centre du baffle garantit une dispersion régulière du signal verticalement comme horizontalement. Comme toujours chez Jean-Marie Reynaud, l’assemblage sous presse garantit une bonne inertie au coffret.
Sur le plan « motorisation », Folia embarque un joli petit woofer de 130 mm à membrane papier. La bobine mobile de 25 mm sur support kapton est mue par un double aimant ventilé. Le saladier anti-résonant en ABS, à la fois léger et rigide, constitue un excellent référentiel mécanique.
Pour le registre aigu, c’est un tweeter à dôme de 25 mm en soie à double aimant néodyme qui est mis à contribution. Son entrefer est dépourvu de ferro fluide, car une double chambre arrière accordée assure une fréquence de résonance basse et un parfait amortissement transitoire.
La fréquence de coupure se situe à 3200 Hertz. Selfs en cuivre pur de gros diamètre à très faible résistance ohmique, et câblage en l’air argent/cuivre sont de la partie. Bref, que du bon !
Analyse sonore
Installer une paire de Folia chez soi est une résolution qui se situe à mi-chemin entre l’acte militant et le péché de gourmandise. Car ces enceintes proposent une écoute qui tranche assez nettement avec le résultat finalement assez formaté de bon nombre d’enceintes classiques, d’une remarquable rectitude certes, mais souvent assez conformistes. Avec les Folia, cela ne risque pas de vous arriver. Sans forcer le trait, elles savent mettre en lumière les inflexions rythmiques, mais aussi souligner de façon insolente les lignes mélodiques. Ce sont des enceintes vivantes, au premier sens du terme ; avec elles, la musique s’émancipe du support, habite la pièce d’écoute. Elles poussent à la dégustation compulsive de votre discothèque, à la découverte de nouveaux signaux sonores. Rondes sans être grasses, pleines sans être lourdes, elles délivrent une musicalité incarnée, charnue, contrastée. Elles donnent envie.
Leur équilibre tonal est doux, et globalement assez naturel. Elles ne proposent pas de timbres tirés au cordeau, mais plutôt une esthétique baroque aux couleurs, qui pour être saturées ne sont jamais outrancières. Avec elles, le maître mot est plaisir. On oublie les codes et les critères d’évaluation, pour davantage songer aux interprétations et aux mouvements artistiques.
Rapides, dynamiques, très spontanées, elles collent à la modulation avec une aisance qui est leur vertu première. Aidées par une bande passante plus que convaincante (pour potentialiser ce critère, attention au mariage), elles savent forger des lignes de basse bien appuyées et des saillies mordantes sans être tranchantes. Enfin, lorsqu’elles sont bien placées (au mur ou sur pieds), elles dessinent un panorama d’une grande crédibilité.
Positionnement hiérarchique
Dans le créneau des enceintes de type monitor aux environs de 1000 € la paire, nous devons confesser que nous penchons davantage pour les produits un peu décalés, à la personnalité bien trempée ; aussi affectionnons-nous beaucoup les Totem Mite qui demeurent des références en termes de communication musicale. À ce titre les Folia constituent pour les Mite de très beaux « challengers » capables de les concurrencer sur ce terrain très humain 😉 Les Mite sont certainement un peu plus teigneuses, et les Folia plus joueuses, mais dans un cas comme dans l’autre, la fluidité musicale et le plaisir d’écoute sont au rendez-vous. Les KEF LS50 sont également des monitors très réussis, mais certainement plus académiques dans leur approche. Durant ces tests, nous avions les deux paires côte à côte, et leur confrontation fut intéressante. Là où les Folia cherchent à s’émanciper des codes pour laisser parler la poudre, les LS50 respectent à la lettre la modulation quitte à sacrifier un peu d’émotion. En outre, les Folia sont plus faciles à alimenter. Chaque type de mélomane s’y retrouvera.
Les chiffres
Dimensions : 20 x 43 x 21 cm
Poids : 9 kg
Puissance admissible : 80 watts
Puissance crête répétitive : 120 watts
Puissance d’utilisation : 20 à 120 watts
Impédance nominale : 6 ohms
Impédance minimale : 4 ohms
Réponse en fréquences : 60 – 22000 Hz
Sensibilité : 86 dB/W/M (2 volts)