Une bonne année après la naissance du modèle C, Leedh présente le modèle E. Il s’agit d’une version supérieure qui embarque un module supplémentaire pour la reproduction du bas du spectre. La différence ? Plus de grave… et d’aigu !
Les Leedh C sont des enceintes bien particulières, détentrices d’une technologie propriétaire anticonformiste mais réellement novatrice. Bref, elles innovent considérablement par rapport à l’immense majorité de la production électroacoustique traditionnelle, parce qu’elles utilisent des transducteurs fonctionnant différemment. Nous avons déjà consacré une bonne partie de nos colonnes à en expliquer les caractéristiques et les subtilités (interview, reportage, écoutes). Aussi nous bornerons-nous à présenter les différences entre le modèle originel et la nouvelle venue.
Le modèle E est visuellement identique à la C, à l’exception d’un module supplémentaire chargé de couvrir les plus basses octaves. Il est greffé sur le coffret vertical placé en bas de l’enceinte et renfermant le filtre. Cette quatrième voie assure une couverture optimale des basses fréquences. En outre placée à cette hauteur, elle utilise très intelligemment le sol comme charge acoustique. Cette astuce lui confère un rayonnement efficace, une absence de traînage et de directivité.
Autre différence avec la C, invisible cette fois, le filtrage. Non seulement il a été modifié pour tenir compte de la quatrième voie, aussi est-il plus imposant. Mais il diffère également sur le plan mécanique puisqu’il est dépourvu de circuit imprimé et est réalisé entièrement en « wrapping ». Pour les néophytes, précisons que cette technique consiste à relier les pattes des composants entre eux en les torsadant très étroitement. Cela permet d’obtenir des liaisons directes, comme un câblage en l’air, mais avec une qualité de contact électrique parfaite. En revanche, cette procédure, exclusivement manuelle, est plus longue et donc plus coûteuse !
Sur la E, comme sur la C, tous les modules sont symétriques et fonctionnent en push-push. Ainsi, les forces s’annulent et l’enceinte est mécaniquement inerte quelle que soit l’amplitude du mouvement des membranes de ses haut-parleurs.
Le raccordement avec l’amplificateur s’effectue par l’intermédiaire d’une paire de bornes vissantes Eichmann. Elles ont été étudiées pour offrir la meilleure qualité de contact avec le moins possible de masse métallique, dont l’accumulation dégrade le son ! D’ailleurs depuis les travaux d’Eichmann en la matière, la plupart des autres constructeurs de connectique se sont engouffrés dans cette brèche ; vive la veille technologique !
La E repose sur une plaque en Perspex, une qualité de plexiglas hautement inerte. Il n’est pas nécessaire de la découpler du sol, si ce dernier est suffisamment rigide. L’utilisation de divers gadgets s’est avérée plutôt décevante avec cette enceinte. Tant mieux, vive la simplicité.
Analyse sonore
Nous connaissons bien les Leedh C et E pour les avoir écoutées attentivement dans de nombreux environnements en compagnie d’électroniques bien différentes. Aujourd’hui nous disposons des E pendant quelques jours dans notre univers domestique. Cela nous permet donc de les cerner au plus près.
En premier lieu, confirmons que ces enceintes se caractérisent par un équilibre tonal d’un naturel souverain, certainement le meilleur que nous ayons pu apprécier sur des enceintes acoustiques. Sur ce terrain, le combat est inégal, car le HPAB (haut-parleur Acoustical Beauty) surclasse très facilement la grande majorité des transducteurs traditionnels en termes de distorsion et de compression. Il n’y a donc pas de débat ! La palette harmonique des E est à la fois d’une grande richesse et d’une parfaite cohérence. On ne note pas de phénomène de chevauchement ou de surépaisseur. Les timbres sont, on ne peut plus vrais. Et l’accroissement de la bande passante a également des répercussions en termes d’harmoniques sur l’aigu, qui est plus filé et plus subtil que celui des C.
Et la grave nous direz-vous ? C’est d’ailleurs sur ce terrain que l’on attendait la E, puisque la C laissait place à la critique en termes d’énergie et de vigueur. Avec la E, un mélomane amateur de musique électronique deviendra très vite le plus heureux des hommes. Car cette enceinte possède une capacité à détailler le registre grave avec une acuité exceptionnelle. Toutes les manipulations réalisées par le musicien (et Dieu sait de quoi les auteurs techno sont capables en l’espèce) sont identifiables… Les E proposent donc une vision extrêmement précise des basses octaves. Et elles le font même dans des conditions de volume sonore étonnantes.
Sortez-vous de l’esprit que les E sont de frêles demoiselles. Sur certains disques très musclés, elles vous étonneront par leur capacité à jouer très fort. Le seul hic, c’est que comme elles ne génèrent pas une once de distorsion, on peut vite se laisser aller à écouter à un niveau incroyable sans s’en rendre compte. D’où l’absolue nécessité de leur adjoindre un amplificateur parfaitement capable de tenir le choc. Quand à la qualité de la source, elle est primordiale, car c’est elle, plus que tout autre maillon qui détermine le degré de résolution du système.
Indéniablement les Leedh intriguent. Les particuliers comme les professionnels. Elles sont fort demandées. D’ailleurs, en quittant notre salon, elles allaient directement dans celui d’EVmag. En ce moment, Leedh et Avance Audio, son distributeur, ne chôment pas. Toujours sur la brèche, ils arpentent les auditoriums des revendeurs hexagonaux pour prêcher la bonne parole et leur permettre de comparer les Leedh à d’autres enceintes. Leur son très pur, très naturel et absolument pas trafiqué, ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais en tout état de cause, une écoute s’impose.
Positionnement hiérarchique
D’ailleurs puisque nous y sommes, où les E se situent-elles par rapport à la concurrence, juste pléthorique à ce niveau de prix ? Et bien nulle part, ou alors définitivement en marge. Pourquoi ? Tout simplement parce que les E sont dotées de qualités que l’on ne retrouve pas chez leurs concurrents, au même prix, ou cinq fois plus chers d’ailleurs ! Limpidité, lisibilité, intelligibilité : ces vertus, les E les portent au plus haut point, à un degré que ne procure pas l’électrodynamique traditionnel. Bref, l’on attend avec impatience que d’autres constructeurs se penchent sur cette technologie unique en son genre pour que les Leedh aient des concurrentes.
Les chiffres
Prix : 12 000 €
Dimensions : 43 x 108 x 41 cm
Poids : 14 kg
Impédance nominale : 4 ohms
Impédance minimale :
Caractéristiques : 3,2 ohms à 300 Hz
Puissance admissible : 300 watts
Régularité bande passante : +/-1,5 dB de 100 Hz à 20 kHz
Réponse en basses fréquences (Bessel 2e ordre) : -3 dB à 50 Hz / -6 dB à 25 Hz / -8 dB à 20 Hz
Réponse en phase : +/- 15° de 500 Hz à 20 kHz
Directivité de 500 Hz à 20 kHz : -3 dB à 30° / -6 dB à 45°
Sensibilité : 82 dB / 1 m / 2,83 v