On pourrait croire que Pure Audio est une nébuleuse dans l’univers de la hi-fi, mais il n’en est rien. Cette marque est au contraire le fruit d’une réflexion aboutie de la part de deux hommes dont le cursus parle de lui-même.
Si Pure Audio est une toute jeune marque néo-zélandaise, ses deux créateurs ont de la bouteille. Ce sont des « vieux de la vieille » qui ont profondément œuvré au sein de cette industrie audio. Gary Morrison est en effet un ami de longue date de Peter Thomson, le créateur de Plinius. A ses côtés, il a développé et conceptualisé tous les produits phares de la marque, ceux qui en ont créé le mythe. Les SA 50, SA 100, SA 250, SA Reference, M16 et autres 9100, 9200, tout cela, c’est lui. Le deuxième homme, Ross Stevens, c’est le designer ! Les premières courbes sur un châssis d’électronique, c’est à lui qu’on les doit, dès juillet 2001, lorsqu’il présente au reste du staff de Plinius un morceau d’aluminium cintré. En 2002 l’amplificateur multicanal Odeon inaugurera ce look transcendant que certains autres constructeurs ont ensuite tenté de copier. Mais le cintrage « Plinius » n’était pas qu’une fantaisie cosmétique ; une vraie gageure industrielle rendue possible grâce à un travail ardu avec le partenaire métallurgiste de la marque. Ce sont ces deux hommes qui aujourd’hui lancent Pure Audio.
Le concept « Pure » confine à l’ascèse absolue en matière de ligne, D’ailleurs l’objet parle de lui-même. Il s’agit d’un préamplificateur ligne dont le morceau de bravoure repose sur un coffret particulièrement innovant que l’on retrouve sur les autres produits de la gamme : un préampli phono, et une paire de blocs monophoniques.
Si les cotes sont proches du format rack 19 pouces, toute forme de classicisme s’arrête là ! L’inaltérable imagination de Ross Stevens a donné lieu à une plateforme absolument « transparente » sur le plan acoustique. Le coffret est réalisé à l’aide de deux épaisses plaques d’aluminium pliées constituant le berceau et le capot, et dont l’ajustement s’effectue au millimètre. La partie supérieure a été intensivement découpée pour constituer une sorte de dessin postmoderne. Ces larges ouïes asymétriques sont comblées par une fine grille en acier inoxydable qui empêche toute « impureté » de pénétrer dans le coffret, et assure nonobstant une excellente ventilation. Le séquençage des ouïes participe autant de l’aspect vibratoire que thermique de l’appareil. Enfin, un châssis « ouvert » sonne toujours mieux que le même totalement fermé ! Ce coffret est bien entendu antirésonnant et amagnétique. Il repose sur trois pieds circulaires construits dans une résine spécifique qui parachève son isolation mécanique.
Il est difficile de faire plus dépouillé que le préampli Pure Audio qui ne comporte en face avant qu’un seul organe, un (très) gros bouton de volume au toucher agréable. En position « 6 heures », il place l’appareil en veille. Un cran suffit à le mettre en route. Cette commande n’est pas basée sur un classique potentiomètre, mais sur un réseau de résistances calibrées amagnétiques Vishay-Dale commandées par relais. L’utilisateur dispose d’une atténuation de gain de 32 pas, absolument transparente. Malgré cette « relative » aridité, l’interface utilisateur est souple. La sélection des sources est automatique. Le signal détecté fait commuter l’entrée correspondante.
Ce préampli est construit comme un authentique produit double mono, ce qui implique une véritable séparation des alimentations, du trajet du signal et des plans de masse. Pour assurer un silence de fonctionnement optimal et une absence de perturbations, l’électronique interne est dépourvue de microprocesseurs et d’autres éléments polluants du même genre.
Analyse sonore
En vingt ans de carrière, nous avons eu l’occasion d’écouter bon nombre de préamplificateurs de ce calibre, et nous avons donc pu resituer aisément ce Pure Audio dans ce contexte. Il s’agit là d’un produit de grande qualité. Sa caractéristique sonore fondamentale est justement de n’avoir aucune caractéristique sonore. Voilà pourquoi notre rubrique « positionnement hiérarchique » prend ici tout son sens ; on cerne en effet beaucoup mieux ce type de produit en le comparant à ses semblables. Sachez cependant que le Pure Audio est un préamplificateur qui déploie une bande passante large, et cela sans atténuation dans l’extrême grave comme dans l’aigu. Nous avons pu nous en rendre compte à l’aide de l’excellent disque d’orgue « Récital Bach – Pierre Méa » chez Ad Vitam Records. L’extension dans le bas du spectre est bien nette, et elle s’accompagne d’un luxe de détails qui rend l’écoute beaucoup plus réaliste. Tous les bruits de fonctionnement de l’instrument, les inflexions des basses octaves, les subtilités du jeu de l’organiste s’entendent aisément. Dans le haut, les micro-informations émergent avec simplicité, et sans effet de simplification. Ces multiples composantes participent à la reconstitution d’une image réellement tridimensionnelle. La prise de son, sobre offre une vision fluide d’une œuvre difficile. Et cela, le préampli Pure Audio permet de l’exprimer totalement.
Positionnement hiérarchique
Nous avons écouté le préampli Pure Audio à l’aide d’une source numérique Orpheus (transport Zero / convertisseur One SE), de deux amplis de puissance (blocs mono Pure Audio et ampli stéréo Plinius SA 103) et des enceintes Leedh C. Câblage intégral Acoustic Zen. Inutile de dire que ce système dénote un degré élevé de résolution. Mais surtout, nous avons eu l’opportunité de comparer le Pure Audio à de remarquables concurrents : le Cello Encore, le Hovland HP100 et le Nagra PL-L.
Le Néo-Zélandais s’est globalement avéré supérieur en termes de transparence pure (c’est le cas de le dire). Cela nous a étonné, notamment, par rapport au Cello qui est une référence en la matière. D’une manière générale le Pure Audio apparaît moins « coloré ». Il est plus droit, moins « joli », mais également plus naturel. En revanche, il n’arrondit pas les angles ; attention aux mariages ! Le Hovland et le Nagra sont particulièrement séduisants : ils savent exalter les extraits musicaux en les nimbant d’une luminosité superbe, quitte à parfois tricher quelque peu, avec un art consommé de l’élégance. Le Pure Audio s’y refuse, mais semble en revanche plonger plus profondément au cœur du morceau. En termes de bande passante, il apporte davantage d’extension. On note aussi un aigu plus fluide, moins « électronique » par rapport au Cello. Le médium est moins mis en avant que sur le Hovland, et dans une moindre mesure que sur le Nagra. Bref, le Pure Audio représente non pas une synthèse, mais une réponse à ces trois remarquables produits. Certes, il est moins connu, mais une écoute attentive pourra vous convaincre de ses qualités.
Les chiffres
Prix : 7 800 euros
Dimensions : 410 x 115 x 380 mm
Poids : 12 kg
Réponse en fréquence : > 100 kHz
Distorsion harmonique totale : < 0,01 %
Impédance de sortie : 100 ohms
Impédance d’entrée : 50 kohms