A Audiofederation nous ne sommes pas peu fiers de vous présenter en exclusivité française, le test du nouvel ampli intégré Britannique Rega, l’Elicit-R. Ça tombe bien, nous avons beaucoup de bonnes choses à en dire.
Rega, nous connaissons très bien. Nous y sommes même allés. Là-bas, à Southend-On-Sea, où nous avons bu du thé dans des mugs « Rega » et dormis sur un water bed. Nous y avons également bu d’excellents vins (français) et fait de sublimes écoutes (britanniques).
Tout cela pour dire que nous suivons la marque depuis ses débuts, et que nous connaissons l’Elicit depuis sa première version lancée il y a 20 ans.
L’Elicit fut l’un des tout premiers amplis intégrés « chers », à une époque où ils étaient tous petits et plutôt bon marché. Les budgets plus importants étant réservés aux éléments séparés. Mais Rega aime prendre le contrepied en toute chose.
Bref, l’Elicit originel trouve son digne successeur aujourd’hui, doté du même nom, sobrement agrémenté du suffixe « R », comme Brio-R, ou Apollo-R. D’ici à penser qu’il y aura un Saturn-R bientôt…
Il est fidèle au cahier des charges initial : un intégré « suralimenté », esthétiquement minimaliste, mais néanmoins pourvu de tout le confort moderne. Le potentiomètre est encerclé par un réseau de leds qui s’illuminent au fur et à mesure que l’on monte le son. La sélection des sources s’effectue en appuyant sur la touche de gauche et en tournant la mollette : simple comme bonjour.
Derrière, 11 paires de prises RCA permettent de brancher les sources niveau « ligne » et une platine tourne-disque car l’Elicit-R propose en série une excellente entrée phono MM. En outre cet ampli dispose de sortie « Pre out » pour le branchement éventuel d’un bloc de puissance dans le cadre d’une multi-amplification passive. Le bornier HP est un solide modèle en cuivre doré qui accepte aussi bien le câble dénudé que les fourches ou les fiches banane.
Toutes les fonctions sont accessibles via la télécommande propriétaire Rega qui répond au doux nom de Solaris.
Les flancs sont constitués par des rangées latérales d’ailettes de refroidissement.
Les pieds sont de beaux cylindres métalliques dotés d’épais patins en caoutchouc dur.
Capot ôté, l’Elicit-R affiche ses deux radiateurs et son solide transformateur monté en position centrale. Les enroulements séparés galvaniquement irriguent distinctement les différentes sections (ampli, préampli, interface utilisateur). Les neuf étages sont régulés individuellement, entre autres par des diodes ultrarapides.
L’utilisation largement généralisée de composants montés en surface permet de loger tout cela dans un coffret somme toute assez compact.
La section préamplificatrice utilise des transistors à effet de champ à très faible bruit. La sélection des sources est opérée par des relais haut de gamme. Le potentiomètre est un atténuateur de gain numérique Wolfson qui fonctionne dans le domaine analogique.
Le circuit est réalisé avec le minimum de condensateurs de découplage et ces derniers sont tous au polypropylène. Tous les composants sur le trajet du signal sont discrets. La section de puissance utilise des transistors de sortie bipolaires en configuration Darlington.
L’étage de préamplification comprend une carte RIAA de grande qualité. L’Elicit II est livré de façon standard avec une entrée MM (aimant mobile).
Analyse sonore
Laissez impérativement une grosse demi-heure à l’Elicit-R pour monter en température. Après, il demeure bien chaud, mais cela n’est en aucun cas un problème ; sa régulation thermique est impeccable.
Sur le papier, l’équation est simple, le nouvel Elicit coûte 160 € de moins que son prédécesseur, pèse 4 kg supplémentaires et développe 20 watts de plus. La messe est-elle dite pour autant ?
Nous notons ainsi une belle évolution sur le plan sonore.
L’Elicit-R reste fidèle aux canons sonores de la marque (nervosité, suivi rythmique, fluidité mélodique), mais manifestement, le taux d’octane a monté d’un cran. Le « R » est plus mordant que le « 2 ». Il est davantage incisif, ses reprises sont plus affirmées, ses accélérations plus franches, le tout avec un surcroît de contrôle.
Nous avons à faire à une machine plus mûre, plus à l’aise sur ses bases, plus posée, et, vous me passerez l’expression, plus sûre d’elle !
Avec la version « R », les enceintes sont mieux tenues, plus réactives. On remarque une densité accrue, plus de matière, toujours sans coloration.
De façon globale, cet Elicit-R offre au mélomane une bande passante large, avec un grave puissant et posé qui permet d’apprécier les lignes de basses tant en ampleur qu’en précision. Le médium est travaillé de façon à offrir à l’écoute cette subtilité qui captive l’auditeur en permanence, et qui fait la différence entre une bonne électronique, et une électronique très désirable. Enfin l’aigu semble »disparaître », ce qui est l’apanage de tous les amplis bien faits. Si l’aigu se fait (trop) sentir, c’est qu’il n’est pas à sa place, aussi passez votre chemin.
L’image tridimensionnelle est réussie au-delà de nos espérances. Ce n’était pas absolument la cas sur la toute première version qui était parfois un peu « droite/gauche ». Avec le « R », la scène est vaporeuse et précise, ce qui renforce le réalisme des ambiances.
Nos impressions d’écoute ont également été validées en vinyle, avec une platine tourne-disque Rega ! Le seuil de bruit est faible, et l’entrée MM de l’Elicit-R se comporte très bien avec une très bonne résolution.
Positionnement hiérarchique
Créneau disputé, s’il en est, le seuil des 2000 € ne manque pas de produits, et un tri drastique s’y impose. Pour notre part, nous y apprécions le Naim Nait XS (1880 €) et le VM MA350 (2400 €). Et également le Heed Obelisk SI associé à son alimentation X2 (2160 €).
Par rapport à ces trois produits de référence, l’Elicit-R se comporte très bien et possède de solides arguments pour convaincre. Il est aussi nerveux que le Naim, mais plus délicat. Il est plus extraverti que le MA350, tout en étant presque aussi souple. Et il surclasse le Heed en termes de punch, de résolution et d’image.
C’est donc une machine particulièrement réussie que nous recommandons chaudement.
Les chiffres
Prix : 2190 €
Dimensions : 432 x 82 x 340 mm
Poids : 13 kg
Puissance :
105 watts par canal sous 8 ohms
162 watts par canal sous 4 ohms
Sensibilité d’entrée :
Ligne : 196 mV (charge de 10 K)
Phono (MM) : 2 mV (charge de 47 K)