Nous avions testé avec plaisir l’ampli Elicit-R. Voici son compagnon naturel, le lecteur et convertisseur Saturn-R.
Rega est fidèle au chargement du disque par le dessus depuis son tout premier lecteur, le Planet. Le système a été optimisé, et depuis deux générations, le palet presseur magnétique a été remplacé par un système de fixation en trois points solidaire de l’axe de rotation. C’est simple comme bonjour, et très efficace, car l’ensemble mobile est plus léger, et par conséquent, le moteur est moins sollicité, et beaucoup plus réactif.
La mécanique CD, purement audio, est suivie d’une batterie de servo-contrôleurs numériques qui vérifient les caractéristiques du disque compact pour optimiser la focalisation et la position de la diode laser. C’est pendant ce court laps de temps que l’afficheur annonce « initializing ».
Rega reste fidèle au système de la mémoire tampon, un dispositif qui permet au processeur d’analyser le flux PCM avant qu’il ne soit traité par le convertisseur. La conversion est assurée par deux puces Wolfson WM8742 montées en configuration différentielle. La synchronisation entre les différentes sections est garantie par une horloge de nouvelle génération qui affiche une très haute stabilité. Les étages de sortie analogiques sont réalisés en composants discrets et polarisés en classe A.
L’alimentation à haute capacité destinée aux circuits d’asservissement de la mécanique, est directement extrapolée du très haut de gamme Isis. On remarque également la présence d’un récepteur piloté par une boucle à verrouillage de phase. Notons que les entrées numériques sont isolées. Un gros travail a été réalisé sur l’alimentation, basée initialement sur un beau transformateur torique, puis, scindée en de multiples régulateurs, pour chaque différente section.
Le Saturn-R accepte tous les flux jusqu’à une résolution de 24 bits / 192 kHz via le port USB de type B qui fonctionne de façon asynchrone. L’USB utilise des pilotes dédiés dans l’ordinateur, permettant une opération en mode ASIO, évitant la dégradation du signal provoquée par les pilotes génériques fonctionnant avec Windows.
La face arrière est abondamment garnie puisqu’elle regroupe à la fois toute la connectique d’un lecteur CD et d’un convertisseur. On y trouve donc 5 entrées numériques : 1 port USB de type B et 4 S/PDIF (deux optiques sur TosLink et deux coaxiales sur RCA). Viennent ensuite 4 sorties numériques au format S/PDIF (deux optiques sur TosLink et deux coaxiales sur RCA). Deux viennent directement du transport, et deux autres du DAC, chacune dans les deux formats. Enfin une paire de sorties analogiques asymétriques sur connecteurs RCA achève le tableau.Une embase IEC sans terre permet le raccordement au secteur.
Notons que le Saturn-R est extrêmement sensible à la qualité des cordons de raccordement. Pour le secteur et la modulation, nous avons utilisé de l’Actinote Mezzo, avec un excellent résultat. Pour l’USB, notre préférence va toujours vers Furutech, avec le très démocratique, mais très performant ADL Formula 2.
Analyse sonore
Le Saturn-R est aussi sensible à la qualité des cordons qu’au temps de chauffe. Ne le jugez pas à la sortie du carton : vous passeriez à côté d’un remarquable appareil. Une fois bien polarisé (une grosse demi-heure), ce lecteur s’attache à reproduire les différents flux avec une souplesse particulièrement réussie. C’est d’ailleurs un qualificatif qui lui va à merveille, la souplesse. Il possède en effet une aptitude assez singulière à déployer et à coordonner les différentes lignes mélodiques du morceau. Indéniablement, ses géniteurs sont mélomanes, voire musiciens. Le Saturn-R sait reproduire le phrasé de la performance musicale avec un impeccable sens des nuances, une cohérence rythmique évidente. Ça chante, ça file, ça coule, avec une onctuosité très matérielle. Ce lecteur n’enrobe pas le message, il le dégraisse, sans le dépouiller. En même temps, il le vivifie, le propulse, sans le projeter. Son jeu est à la fois très énergique et très subtil. Il n’est pas extraverti, mais il est relativement expansif. Le spectre reproduit est large, mais d’une bonne linéarité. On ne remarque aucun gonflement du médium, comme les tous premiers lecteurs Rega se plaisaient à le faire. En lieu et place, on trouve un médium bien dense, mais pas excessif, qui s’articule sur des basses bien dotées, mais également nerveuses. L’aigu est très « Rega », doux et vif en même temps…
Les fichiers son HD bénéficient également d’un traitement extrêmement favorable via le port USB. Cela ne doit pas vous abstenir de choisir le bon logiciel (Audirvana pour Mac en ce qui nous concerne), et de soigner l’environnement de votre ordinateur. Mais le Saturn-R assure une bonne gestion du « dématérialisé », en conservant la cohérence de chaque morceau, avec un traitement très proche de ce qu’il fait pour les CD.
Enfin, mention spéciale pour la reproduction spatiale ; cette source développe en effet un panorama d’un beau volume, très aéré, et dont la profondeur n’a pas manqué de nous étonner.
Positionnement hiérarchique
Vous allez dire que nous sommes difficiles, mais sincèrement, des lecteurs CD très musicaux qui font également office de hub pour gérer de nombreuses sources numériques, le tout pour moins de 3000 €, nous n’en connaissons pas des masses. En l’occurrence, deux !
Le premier, c’est le Rega Saturn-R. Le second, c’est le Van Medevoort CD360. Les deux sont hypermusicaux. Le premier est vendu à un tarif imbattable (2200 €). Le second est un peu plus cher, mais propose de vraies sorties symétriques sur XLR, en plus. Le premier est plus organique, pour utiliser un mot à la mode. Le second est plus lumineux. Mais là c’est une affaire de goût. Foncez les écouter, ce sont deux merveilles.
Les chiffres
- Prix : 2195 €
- Dimensions : 430 x 95 x 325 mm
- Poids : 9 kg
- Impédance 100 kΩ
- Bande passante : 17 Hz à 20.5 kHz (0.02 dB)
- Distorsion : 0.005%, à 1 kHz
- Rapport signal bruit : – 109 dB
- Fréquences supportées : 44,1 à 192 kHz