Van Medevoort développe et construit ses électroniques aux Pays-Bas depuis 20 ans. Le MA 350 est leur ampli intégré le plus représentatif. En quoi est-il différent de ses concurrents ?
Le MA 350 est équipé de six touches d’accès direct à chacune des entrées ligne, et d’un bouton de volume. Tout cela dans un cadre argenté aux bords délicatement arrondis enserrant une plaque noir : 100 % en aluminium.
La face arrière regroupe les six entrées. La numéro « 1 » est symétrique, sur fiches XLR Neutrik. Les cinq autres sont asymétriques sur RCA dorées. Trois paires de prises cinch supplémentaires assurent respectivement le rôle de boucle de monitoring, de sortie « pre » et d’entrée « main », car le MA 350 peut être utilisé comme préampli ou ampli de puissance séparément.
Les enceintes se connectent via quatre robustes bornes HP dorées acceptant les fiches banane et les fourches. L’embase IEC accueille le cordon secteur ; la phase est repérée au moyen d’une gommette autocollante rouge.
Le MA 350 est livré avec une télécommande infrarouge qui permet la sélection des entrées et le contrôle du volume, mais aussi celui des autres produits Van Medevoort. Elle est compatible avec le code RC5.
L’intégré MA 350 travaille en classe A dynamique, technique qui permet d’éviter les dégagements de chaleur excessifs. Quels que soient l’intensité du signal et le niveau du volume, la température de fonctionnement ne change pas. Les transistors de puissance fonctionnent ainsi de façon optimale, et le temps de montée est très rapide. La puissance disponible est de 110 watts pour une charge de 8 ohms et de 220 watts pour 4. Van Medevoort précise que son MA 350 est destiné à tout système d’enceinte acoustique, et cela s’explique par le facteur d’amortissement élevé, allant de 1200 à 1500. Il joue un rôle important au niveau de la tenue des haut-parleurs.
Une autre importante caractéristique Van Medevoort est l’isolation parfaite entre l’entrée et la sortie. Elle est le fruit d’un schéma spécifique, mais également d’une topologie particulière. Ainsi, les circuits de préamplification et de chaque canal d’amplification sont physiquement séparés. Ils sont exclusivement réalisés à l’aide de composants discrets. Les cartes mono d’amplification sont fixées à leur extrémité sur un dissipateur thermique qui refroidit efficacement les transistors de puissance.
L’alimentation comprend un transformateur torique qui alimente exclusivement les circuits audio. Un second transfo moulé traditionnel est utilisé pour l’interface utilisateur. La section préamplificatrice occupe la place contre la connectique pour raccourcir le trajet du signal. La tension d’entrée est illimitée, et le schéma du MA 350 fonctionne avec un très faible taux de distorsion. On notera enfin la présence de circuits de protection qui assure un parfait garde-fou dans les cas de surchauffe ou d’un court-circuit.
Analyse sonore
Lorsque vous aurez écouté de nombreux amplificateurs intégrés dans la même gamme de prix que celle du MA 350, vous en arriverez inévitablement à la conclusion que ce dernier est une machine neutre. Si votre repère est la musique vivante et non une conception « idéalisée » de la musique, vous l’apprécierez grandement. En effet, contrairement à une idée reçue dans l’inconscient collectif audiophile, neutre n’a jamais voulu dire « plat » ou « ennuyeux ». La neutralité c’est ce qui se rapproche le plus de la réalité. Or la réalité sonore peut faire preuve d’une violence spectaculaire, d’une sidérante pression acoustique, comme de la plus extrême douceur. Or tout cela, le MA 350 le restitue avec une scrupuleuse honnêteté.
Donc si pour vous neutralité rime avec réalité, le MA 350 vous apportera toute satisfaction. S’il parvient à coller aussi bien au signal original, c’est tout simplement parce qu’il s’évertue à ne lui apposer aucune coloration, mais aussi parce qu’il tend à ne pas manifester de limitation. Et dans son contexte (celui d’un intégré de 2400 €), il n’en a guère.
En premier lieu, ses géniteurs ont fait en sorte qu’il puisse reproduire une bande passante très large, et cela sans accident, ni atténuation aux extrémités. Par conséquent, le grave est libéré, et l’aigu très étendu. Cette « largeur de bande » apporte au MA 350 cet inappréciable côté ouvert et limpide. Le spectre est reproduit avec une forme d’exhaustivité, mais aussi de linéarité. Sur un disque d’orgue ou de musique électronique, on sent que le grave descend très bas, provoquant un excellent travail en piston des boomers, mais dépourvu de ce renflement flatteur du bas médium. Le grave n’est pas sec, mais il est purifié. L’aigu n’est pas détaché. Il est bien intégré, comme dans la réalité, une sorte de prolongement naturel du médium. Quant à ce dernier, il n’est ni chaud, ni rond, mais justement posé, équilibré, et surtout dépourvu de coloration.
Second point fondamental, le MA 350 possède un important réservoir d’énergie qui lui permet de coller à la modulation avec une application remarquable. Par conséquent, il n’est jamais mis en difficulté et accélère avec naturel, sans mettre en péril l’équilibre tonal. Il ne force pas, n’est pas mis à mal. Ainsi il s’exprime distinctement, même sur une crête de modulation.
Le reste découle de ces deux fondamentaux. Comme la modulation est paisible et relâchée, l’architecture spatiale s’appréhende très aisément. Et comme le spectre est reproduit sans accident, la transparence se matérialise naturellement.
Positionnement hiérarchique
Globalement, le MA 350 n’est pas l’ampli de monsieur tout le monde. Il constitue un aboutissement. Il faut revendiquer son statut de mélomane pour l’adopter, ou être un audiophile chevronné. C’est parfois une machine que l’on acquiert après avoir baroudé, après avoir testé beaucoup d’autres amplis dont les colorations récurrentes vous ont lassé. Des électroniques dans son genre, le marché n’en compte finalement que fort peu.
Dans la même gamme de prix, nous apprécions beaucoup le Naim Nait XS (surtout avec son alimentation optionnelle FlatCap XS) pour son explosive joie de vivre, et son aptitude à magnifier le rythme des enregistrements. Le Hegel H100 est également une électronique réussie, capable d’une authentique maîtrise des enceintes et d’une belle fougue. Le Plinius 9100 était, quant à lui, un bien beau vecteur d’émotion, mais malheureusement, sa carrière s’est achevée prématurément…
Paradoxalement, si le marché empile les références de façon pléthorique, le mélomane sincère, désireux de composer un système naturel (c’est-à-dire en refusant le jeu des compensations) aura beaucoup de mal à trouver une machine aussi scrupuleuse, naturelle et musicale à ce prix que le MA 350. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la plupart des utilisateurs de Van Medevoort que nous connaissons soient musiciens, ingénieurs du son, voire les deux !
Les chiffres
Origine : Pays-bas
Prix : 2 400 euros
Dimensions : 43 x 10 x 39 cm
Poids : 11,5 kg
Puissance : 2 x 110 W (8 ohms)/2 x 220 W (4 ohms)
Facteur d’amortissement : 1 200
Impédance d’entrée : 50 K ohms
Séparation des canaux : > 100 dB / 1,5 – 100.000 Hz
Distorsion : < 0,002 % / 1,5 – 100 000 Hz